Droit de réponse
Dans un article paru dans Mediapart intitulé « Arnaud Montebourg, le souverainisme « transpartisan » jusqu'à l'extrême » vous croyez informer vos lecteurs de soupçons extrémistes qui devraient se vérifier sur ma personne. Pourtant cet article pratique un amalgame fautif de parfaite mauvaise foi, relevant du procès stalinien aussi ridicule que déplacé.
Je me suis désengagé politiquement. Cependant je reste particulièrement engagé sur le terrain purement économique, terrain qui comporte d’autres règles, ce que vous feignez d’ignorer. Et vous utilisez mon partenariat économique avec Pierre-Édouard Sterin dans deux entreprises pour en tirer fautivement des conclusions politiques et induire en erreur vos lecteurs.
Mon alliance économique dans le domaine de l’industrie avec Pierre-Édouard Sterin n’est pas politique car nos opinions politiques et nos références culturelles sont radicalement opposées, mais effectivement transpartisane dans le nucléaire (Alfeor) et dans la biodiversité (Oxymore), parce que précisément pour reconstruire l’économie, il est nécessaire de s’unir par delà des divergences, construire des alliances transpartisanes, y compris des compromis capital-travail.
Je n’ai donc aucune affinité politique avec Pierre Édouard Sterin ; il est le contraire de ce que je suis et je suis le contraire de ce qu’il est. Notre alliance dans deux entreprises n’est donc pas politique mais purement économique et business.
Pas davantage d’ailleurs que je n’approuve son activité dans le Fonds du Bien Commun dans lequel je confirme et maintiens que je n’y ai absolument aucun engagement.
Le seul point auquel j’ai veillé auprès de Pierre Édouard Sterin lorsqu’il m’a proposé de nous associer était son exil fiscal que j’ai désapprouvé devant lui. À cette remarque, il a répondu : « Je rentre en France. »
Vous vous servez de ce partenariat avec Pierre Édouard Sterin pour me prêter à tort d’avoir adopté des idées d’extrême droite. Vous citez un communicant anonyme qui prétendrait que Sterin et Montebourg seraient « sur 90 % des choses d'accord.» Je n’ai jamais parlé politique avec mon associé Pierre Édouard Sterin pour une raison simple, nous connaissons l’un et l’autre l’ampleur et l’amplitude de nos désaccords, et parce que nous sommes associés économiquement et devons éviter les sujets qui fâchent. Et j’ignore comment on peut fixer un chiffre d’accord et de désaccord entre deux personnes dont une des deux, moi même, serait incapable d’en fixer un… !
M’accuser de propager des idées d’extrême droite serait par ailleurs un comble en ce qui me concerne puisque j’ai moi-même fait reconnaître en justice dans un arrêt du 19 janvier 2017 de la Cour de Paris Montebourg/ Le Pen amplement commenté par les juristes, que Jean Marie Le Pen avait effectivement « fait l’éloge de la Gestapo ».
Vous vous servez donc de ma présence aux côtés de Pierre Édouard Sterin dans l’acquisition du journal Marianne pour me poursuivre de vos amalgames infondés. S’agissant de l’acquisition du journal Marianne, Pierre-Édouard Sterin m’a sollicité dans le cadre du rachat de ce journal que j’affectionne particulièrement. J’ai indiqué que je n’accepterais d’être -non pas associé- mais administrateur indépendant qu’à plusieurs conditions qui ont été clairement énumérées, puis de fait juridiquement institutionnalisées : 1- que Natacha Polony reste la directrice de la rédaction et que la ligne historique républicaine de gauche du journal soit préservée ; 2- que les organes de gouvernance du journal soient paritaires avec la rédaction et les élus salariés et garantissent juridiquement la rédaction contre toute forme d’intrusion dans le contenu du journal ; 3- qu’en cas de départ de Natacha Polony, les membres de la rédaction disposent d’un droit de veto (3 fois) sur la nomination de son successeur. Ces garanties ont été présentées par l’actionnaire futur devant les salariés de Marianne, et certaines revendications supplémentaires exprimées par ceux-ci ont été adoptées par l’actionnaire. J’ai indiqué que j’avais le statut d’administrateur indépendant, assurant sur le temps long la garantie ultérieure de cette indépendance juridiquement constituée.
Les options politiques de Monsieur Sterin ont ainsi été évacuées du champ de l’acquisition de Marianne, puisque l’indépendance et la non intrusion dans le contenu éditorial est garanti, ce qui était une condition sine qua non de ma venue au Conseil d’Administration du journal. Par ailleurs, les garanties d’indépendance juridiquement constituées ont été directement inspirées des travaux des États généraux de l’Information. Nous sommes donc en création d’un contre-exemple des mainmises actionnariales sur les contenus éditoriaux que nous avons eu à déplorer ces dernières années.
En réponse à cette proposition, Mediapart a donné la parole à Jean François Kahn dans ces termes : « Si le propriétaire majoritaire veut s'essuyer les pieds sur ces garanties, il le fera ». Précisément, tous mes efforts visent à inscrire dans le marbre juridique ce dispositif protecteur afin que le nouveau propriétaire ne puisse pas s’en affranchir.
Expliquer ainsi que j’aurais validé la chute d'un autre magazine dans le giron de la droite dure est infondé car c’est au vu de l’effectivité des garanties que la rédaction de Marianne validera, et celle-ci n’a pas à ce stade voté la défiance.
Pour me poursuivre de vos accusations, vous citez des individus anonymes qui déclarent : « « Stérin est infréquentable » , cingle un haut fonctionnaire, jadis proche de Montebourg ». Dois je rappeler qu’il n’est pas possible de faire de la politique en entreprise ? Il ne faut donc jamais confondre engagement politique avec action entrepreneuriale. L’infréquentabilité est un concept sectaire qui ne s’applique qu’aux cercles politiques, certainement pas aux entreprises qui rassemblent dans des projets des gens ayant des options divergentes et parfois très opposées.
Vous abritez à nouveau votre article sous un anonymat déclaratif pour m’accuser de cultiver des opinions extrémistes : « Je crains le pire sur l'évolution de Montebourg , s'alarme un ancien responsable socialiste. Marine Le Pen n'a cessé de le féliciter de son évolution. Ça fait système. »
Les positions européennes que je défends sont les mêmes depuis plusieurs décennies. Et la tribune souverainiste du Figaro dont -pardonnez moi- pas un mot n’est à retrancher, demande à bon droit un référendum national en cas de dévolution supplémentaire de compétences à l’Union Européenne. L’exigence de protection économique et politique de la souveraineté nationale que je défends avec constance depuis de nombreuses années est parfaitement rattachée à la tradition de gauche. Chacun a déjà pu le constater dans mon engagement dans le Non de gauche au référendum de 2005, le retrouver dans mes actions au Ministère du Redressement Productif et dans toutes les expressions ultérieures comme dans mon livre « L’Engagement » qu’on résume sous le vocable Made in France.
Quant à ma note au Conseil d’Etat, et le débat avec Marcel Gauchet qui s’en est suivi, j’ai reçu beaucoup de félicitations de la part d’intellectuels très variés, et de responsables politiques très différents au sujet des abus et dérives (réelles) du Conseil d’Etat, exprimées dans une note argumentée adressée à ce dernier. Cette note a d’ailleurs été publiée sur le site de la Fondation Res Publica dirigée par Jean Pierre Chevènement, puis commentée favorablement par Jean-François Collin (ancien directeur de cabinet de Dominique Voynet dans le gouvernement Jospin) sur le média internet AOC. Cette position critique se situe dans une tradition ancienne de la gauche républicaine à laquelle j’adhère depuis longtemps. D’ailleurs, ces positions sont ni plus ni moins celles exprimées par les hautes juridictions allemandes qui défendent mieux que nous ne le faisons la souveraineté nationale, face aux abus de pouvoir européens.
Si Madame Le Pen vient, en abandonnant le Frexit ou ne rejetant plus l’Euro, sur mes positions anciennes, certainement en quête de recentrage et de respectabilité, je serais donc pour être conforme à l’idéologie de Mediapart, sommé d’en changer ?
La souveraineté n’est pas et ne doit pas être l’apanage du RN, mais devrait être défendue par tous les partis politiques. J’ai noté que le Macronisme a embrassé la souveraineté -bien que trop tardivement à mes yeux- en renommant par exemple deux Ministères (économie et agriculture) ministères de la souveraineté industrielle et numérique et de la souveraineté alimentaire, montrant que cette question appartient à toutes les composantes de la Nation. La gauche, avec sa religion européenne, a fautivement abandonné à mes yeux la Nation à l’extrême droite ; elle en paie le prix aujourd’hui.
Enfin pour distiller le soupçon, vous avez opportunément oublié de publier ma réponse à votre question ainsi libellée : « Selon nos informations, le RN vous a proposé un poste ministériel en cas de victoire aux législatives, le confirmez-vous ? Et si oui quelle a été votre réponse ? »
Ma réponse a pourtant été sans ambage et aurait mérité une publication, mais elle détruisait d’elle même les minutes de ce procès kafkaïen que vous avez décidé de me faire : « Je n’ai pas reçu une telle proposition, et si tel avait été le cas, je l’aurais vivement déclinée. »
Merci de publier en bonne et due forme sous l’article m’incriminant la présente réponse formulée selon les règles applicables de la loi du 29 juillet 1881.
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