Mercosur : L'arbre qui cache la forêt ?
Ursula Von Der Leyen va-t-elle brader les intérêts de la France à Montevideo ? Soyons clairs : la présidente de la Commission Européenne ne doit pas s'engager dans cette voie !
En dépit d’un accès préférentiel à un marché de 295 millions de consommateurs pour des services et des biens dans lesquels la France possède des intérêts incontestables (pharmacie, machines-outils, vins, eaux minérales, ouverture des marchés publics...), l’accord de libre échange entre l’UE et cinq pays d’Amérique Latine formant le Mercosur, ne doit pas, en l’état actuel, être ratifié. Même en considérant la nécessité de contrer les avancées commerciales de Pékin dans cette région, auparavant chasse gardée des Etats-Unis, les avantages ne sont pas suffisants pour notre pays.
Les négociations, menées sans transparence par la Commission européenne, avaient débuté il y a 25 ans, à une époque où la croyance dans les gains réciproques attendus des accords multilatéraux était forte, avant l’échec du cycle de Doha.
Nous soutenons les organisations agricoles qui dénoncent un risque de concurrence déloyale dans les filières déjà fragiles des volailles, du bœuf, du sucre, du miel, même si les quotas d’importations sans obstacles tarifaires sont faibles, par exemple 99 000 tonnes/an pour la viande bovine, soit 1,2 % de la consommation dans l’UE. Outre que les digues peuvent céder sur les quantum, les concessions en terme de traçabilité déstabilisent les filières françaises concernées.
Elles réclament à juste titre que les produits importés soient soumis aux mêmes normes sanitaires et environnementales que les produits européens. Or cet accord ne prévoit aucune clause de réciprocité, à l’inverse de celui passé avec la Nouvelle-Zélande. C’est aussi une question sanitaire essentielle pour les consommateurs face à des volailles dopées aux antibiotiques et des bovins élevés aux hormones, dont la traçabilité est problématique selon un récent audit effectué par les services de la Commission. Celle-ci à d’ailleurs proposé la création d’un « Fonds de compensation », sur fonds publics (!) pour en atténuer les effets déstabilisateurs.
Pour éviter la ratification de cet accord qui pourrait intervenir maintenant, lors du Sommet des pays du Mercosur, il est urgent que la France crée un rapport de force politique favorable avec nos alliés européens pour construire une minorité de blocage au sein du Conseil de l’UE (au moins quatre États représentant plus de 35 % de la population totale de l’UE), et œuvrer pour qu’une majorité d’Eurodéputés se prononce contre ce texte.
L’accord Mercosur ne doit pas faire oublier les perturbations importantes auxquels sont exposés plusieurs marchés agricoles avec la reconduction, jusqu’en juin 2025 dans le cadre de l’accord d’association UE/Ukraine, des importations, sans droits de douane, ni quota, de produits alimentaires de ce pays dans l’espace européen. Le soutien économique à un pays agressé doit se concilier avec la protection de nos intérêts nationaux économiques et sociaux.
A l'Engagement, nous sommes clairs : ne bradons pas nos filières ! oui aux échanges gagnants/gagnants ! Non aux accords perdants !
Crédits photo : John Kehly - stock.adobe.com
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