Les périls du puéril Bayrou
Le contexte :
Souvenons-nous, le vendredi matin 13 décembre 2024, alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à nommer Sébastien Lecornu premier ministre, François Bayrou menace, s’il n’est pas nommé à Matignon, de retirer son parti du camp Présidentiel. « Je me suis allié à vous pour faire de grandes choses, pas de petites choses » déclare-t-il au Président . Le voici désormais à préparer sa sortie pour la mi-septembre 2025.
Que s’est-il passé en 9 mois de gestation ? Un conclave avorté sur les retraites, un discours alarmiste sur la dette publique, des ballons d’essais plus odieux les uns que les autres pour réduire les déficits.
Le vote de confiance envisagé le 8 septembre 2025 viserait à construire un constat partagé sur l’importance du déficit et le besoin de le réduire. Comme l’indique Denis Cosnard, « En réalité, ce sujet ne fait guère débat : la discorde porte sur les causes du problème et le partage de l’effort à venir, donc sur la justice sociale et fiscale » . À partir du moment où le premier ministre a présenté les projets de mesures qui ont cristallisé les oppositions durant l’été, il n’est plus possible de distinguer artificiellement le constat des propositions.
La rentrée parlementaire aurait dû exclusivement être consacrée au projet de budget 2026 et sur les moyens de construire une majorité autour de ce budget. Ce qui nécessite un travail de longue haleine, de la discrétion, et du pragmatisme. Or elle sera polluée par le choix d’un nouveau premier ministre, voire d’une dissolution. Car, comme l’indique Olivier Faure : « [François Bayrou] sait qu’il ne peut obtenir un vote de confiance des oppositions. C’est une autodissolution. Il pense le faire avec le panache de quelqu’un qui envisage une autre étape de sa vie politique. » .
Voilà donc les petites mesquineries que Bayrou veut déguiser en « grandes choses » : organiser sa chute sur un constat de « responsabilité » face à la dette, avoir son moment Mendès France, pour servir son narratif pour l’après. Ce qu’il veut masquer, c’est la considération égoïste que ça lui sera plus profitable que de voir son gouvernement censuré à l’automne 2025 au moment du budget. Ce qu’il veut masquer, c’est son échec à proposer une méthode qui puisse associer les parlementaires de tous bords, ou au moins une majorité d’entre eux, au travail budgétaire. Ce qu’il veut masquer, c’est son incapacité, comme celle du Président, à tenir compte des résultats des législatives de 2024 : « Je ne suis pas prêt à abandonner la logique, la cohérence et l’efficacité de ce que nous avons proposé devant les Français » .
Le camp présidentiel a pris la fâcheuse habitude d’appeler à la « responsabilité » pour masquer un rapport au pouvoir de moins en moins républicain. L’habitude de défendre, par idéologie, une politique économique rejetée par deux tiers des Français. L’habitude enfin de tordre la Constitution pour éviter tout changement à la tête du gouvernement. Ce faisant il pousse la France vers une crise de régime. Il est probable qu’en octobre 2025 la France ait un cinquième premier ministre en moins de 20 mois. Une telle instabilité rappelle ce que notre pays a connu à la fin des IIIe et IVe République…
La montagne du Béarn a accouché d’une souris, dont l’égo a fait perdre à la France un temps précieux, et peut être une République.
Notre vision :
Comme le souligne Olivier Rozemberg, François Bayrou s’est révélé incapable de négocier, car trop imprégné de « l’esprit majoritaire voire autoritaire de nos institutions » .
Notre personnel politique ne sait malheureusement plus délibérer. Or il nous faut renouer avec des pratiques de dialogue et de compromis pour surmonter les clivages de notre société. Le Parlement doit retrouver un rôle crucial dans le fonctionnement démocratique de notre pays. Il est le lieu où les représentants du peuple débattent, proposent et votent les lois qui régissent notre société.
C’est pourquoi l’Engagement propose de refonder la Ve République, en revenant son esprit initial, tout en prenant en compte les enjeux démocratiques de notre époque avec : un Président arbitre, une Assemblée Nationale représentative du vote des Français qui adopte les lois et les budgets, un Sénat qui amende et améliore les textes de l’Assemblée, et un gouvernement dont la composition reflète les résultats du parlement, qui met en œuvre les lois.
Nos propositions :
• Le Président nomme un premier ministre issu de la première force ou coalition politique arrivée en tête des élections législatives, puis en cas d’échec la seconde et ainsi de suite, comme dans toute démocratie.
C’est dans cet esprit que François Mitterrand nomma Jacques Chirac en 1986, et que ce même Jacques Chirac nomma Lionel Jospin en 1997. La faute de Macron est de vouloir ignorer les résultats des législatives de 2024. Ce dangereux précédent dans l’interprétation discrétionnaire des résultats des législatives par le Président ne doit plus se reproduire, tant le risque de dérive autoritaire de cette pratique est fort.
• Le gouvernement sollicite la confiance de l’Assemblée Nationale pour être pleinement investi.
Le vote de confiance a été peu à peu vidé de son sens, puisque mobilisé uniquement lorsque les premiers ministres avaient l’assurance d’une majorité, le dernier vote de confiance ayant été sollicité en juillet 2020 par Jean Castex. Nombre de premiers ministres s’en sont affranchis faute de volonté de travailler à la construction d’une majorité. Nous proposons que le vote de confiance devienne une étape systématique à la formation de tout gouvernement, ce qui poussera nécessairement le premier ministre à construire un véritable projet de coalition.
• L’élection des députés par un scrutin proportionnel à désignation majoritaire sur une trentaine de circonscriptions.
Le scrutin majoritaire échoue depuis 2022 à produire une majorité, et nous pensons que la fragmentation de l’Assemblée est durable puisqu’elle est le reflet des divisions profondes de la société. Nous soutenons la mise en place d’un scrutin proportionnel pour améliorer la représentativité des votes et renouveler l’intérêt des citoyens en revalorisant le vote « pour ». Alors que le scrutin majoritaire ancre une culture politique de domination, le scrutin proportionnel ancre une culture davantage basée sur la délibération. Nous souhaitons que l’élection des députés se fasse à une échelle territoriale qui permette des effets proportionnels, sans déconnecter le député des territoires ruraux, ce qui nous amène à proposer un découpage national autour d’une trentaine de circonscriptions.
Nous appelons tous les citoyens désireux de débattre et d’approfondir ces dispositions à prendre contact avec nous.
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