Perte de savoir faire médical : un risque pour la France
A l’instar de l’industrie, le système de santé Français est touché de plein fouet par une perte de compétences.
Des champs médicaux de pointe disparaissent chaque année dans notre pays.
Plusieurs exemples :
A Lyon en 2019, un seul chirurgien ophtalmologique pédiatrique savait réaliser certaines opérations chez les nouveau-nés. Avec son départ, les enfants nécessitant ces chirurgies ne peuvent plus être pris en charge dans les hôpitaux publics lyonnais. Ils doivent désormais se rendre à Montpellier ou à Paris. Incroyable quand on sait que Lyon est la 3e ville universitaire française.
En neurochirurgie, la moyenne d’âge des Professeurs lyonnais est autour des soixante ans. Après eux, pas de relève, plus de formation et la disparition d’un savoir-faire français.
En médecine tropicale : domaine d’excellence française, issu de son histoire. La fermeture de l’Ecole de Santé des Armées de Bordeaux en 2011, puis de l’Institut de Médecine Tropicale du Pharo à Marseille en 2013 a marqué la fin de cet enseignement en France. Cela a notamment des répercussions sur nos coopérations avec les pays d’Afrique. De nombreux médecins étrangers venaient en effet se former dans ces écoles.
En neurologie : dans certains services parisiens de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux, seulement un quart des infirmières sont des infirmières titulaires, les autres sont des intérimaires à la semaine ou au mois. L’expérience issue d’années de pratique a disparu.
Qui, demain, pourra former les futurs professionnels de santé français ? Nous allons vers une disparition de savoir-faire dans des domaines de pointe : ophtalmologie, neurochirurgie, médecine tropicale sans parler de la psychiatrie, parent pauvre de notre système de soins.
Nous assistons à une perte des compétences par abandon de la formation en France.
Faudra-t-il bientôt partir à l’étranger pour se faire soigner ?
Il faut redonner du sens au système universito-hospitalier français.
Le SEGUR de la santé a déjà permis une revalorisation salariale des professionnels de santé, il faut continuer dans cette voie en créant par exemple des exonérations fiscales sur les astreintes, les gardes et le travail de nuit.
Il faut améliorer les conditions de travail : légiférer sur le nombre d’astreintes et de gardes réalisables par mois par un même professionnel. Qui voudrait être soigné par un médecin ayant enchaîné 36 heures de travail ?
Cela passe évidemment par plus de personnel et cela nécessite des moyens financiers et logistiques supplémentaires.
Il faut redonner de l’attractivité aux métiers médicaux et paramédicaux dès le secondaire.
Il faut valoriser les actions des établissements intégrant l’amélioration des conditions de travail de leur personnel. La formation managériale des responsables hospitaliers doit aussi être poursuivie.
Concernant le champ universitaire, il faut relancer des programmes de recherche et d’innovation ambitieux, seul moyen de garder de jeunes talents au sein des établissements publics.
Chaque praticien hospitalier-universitaire doit avoir des journées dédiées à de l’enseignement et de la recherche.
Arrêtons de gérer l'hôpital comme une entreprise avec une recherche de toujours plus de profits. Ne créons pas une médecine à deux vitesses.
C’est la vie de nos concitoyens qui en dépend.
Ne reproduisons pas les erreurs que nous avons commises dans l’industrie française en perdant nos savoir-faire.
David Pietretti
Médecin Généraliste, Référent Santé
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