COP28 : Encore une occasion manquée...
La COP 28 sur le Climat, conférence onusienne sur les changements climatiques réunissant notamment les représentants des 196 Etats (+ l’UE en tant que telle) ayant signé la convention de 1992 sur le climat, s’est tenue à Dubaï en cette fin d’année.
Qualifiée d’historique par certains, parce que pour la première fois dans l’histoire des COP Climat apparaît clairement le terme « énergies fossiles » dans le texte de l’accord final, ce dernier invitant les nations signataires à une transition les « éloignant des énergies fossiles d’une manière juste, ordonnée et équitable » et à accélérer l’action afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, cette COP 28 n’a pourtant abouti à aucun engagement clair et concret sur la réduction du recours aux énergies fossiles, évitant soigneusement toute mention d’une sortie de ces énergies.
Or, alors que l’accord de Paris signé lors de la COP21 en 2015 s’était donné pour objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C – et même 1,5°C – en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter à un rythme de 1,5% par an : pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C en 2100, il faudrait désormais que les émissions annuelles de GES diminuent de 43% d’ici 2030 !
Des mesures bien plus fortes que celles à peine esquissées à la COP doivent donc être prises et mises en œuvre rapidement, à la fois pour réduire drastiquement les émissions de GES et pour renforcer notre résilience face à un bouleversement climatique et environnemental que nous ne pourrons, quoiqu’il advienne, qu’atténuer.
Durant cette COP 28 organisée par les Emirats arabes unis, il a beaucoup été question du pétrole mais aussi des énergies renouvelables et du nucléaire. Mais concernant l’énergie, il faut être clair : ce qui fait baisser le niveau des émissions de GES, c’est bien la réduction de l’utilisation des énergies fossiles. Le triplement - annoncé lors de la COP - des capacités de production électrique décarbonée, qu’elle soit issue du nucléaire ou des ENR, ne contribue à la réduction des émissions de GES que si ces déploiements s’accompagnent de la diminution concomitante et au moins équivalente du recours aux énergies fossiles.
Il y a urgence ! Alors, compte-tenu des délais incompressibles de déploiement des nouvelles sources d’énergies décarbonées susceptibles de se substituer aux énergies fossiles, la question de la réduction du recours aux énergies fossiles revient donc bien dans le camp des pays fortement consommateurs qui ne pourront plus, quoiqu’ils en disent, faire l’économie d’une remise en question aussi bien de leur niveau total de consommation énergétique que de leur modèle d’utilisation de l’énergie.
A vrai dire, il ne faut certainement pas surestimer le rôle de ces COP - devenues une sorte d’évènement annuel hypertrophié sur le climat - et trop en attendre. Il appartient à la France et à ses partenaires de l’Union européenne de prendre à bras le corps l’enjeu climatique.
Ensemble, grâce à notre puissance économique, à notre influence politique et en nous donnant pour objectif de définir et montrer un chemin viable vers un modèle de société compatible avec notre environnement, nous devons nous efforcer de jouer un rôle international déterminant pour orienter les politiques de lutte contre le réchauffement climatique en faveur de l’intérêt général et concrétiser rapidement les pistes de financement et les politiques de solidarité en faveur des pays les plus démunis et vulnérables.
Pour l’heure, en laissant filer l’organisation de la COP29 vers l’Azerbaïdjan, l’Union européenne a perdu une nouvelle occasion d’essayer de reprendre la main sur des négociations vitales pour l’avenir de notre planète.
Manuel Sanchez,
Référent Environnement
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