Élus et agents du service public en danger !
Démocratie et cohésion sociale en péril
Le décès tragique, il y a quelques semaines, de Carène Mézino, infirmière hospitalière à Reims vient nous rappeler avec douleur les difficultés et violences auxquelles sont exposés ces femmes et hommes fonctionnaires, élus, animateurs sociaux de nos services publics, de notre bien commun.
Son nom vient alourdir la longue liste des morts pour nos services publics :
Samuel Paty, professeur d’Histoire à Conflans-Sainte-Honorine, Stéphanie Monfermé, policière à Rambouillet, Agnès Lassale, enseignante à Saint-Jean de Luz, Ludovic Montuelle, Agent du fisc à Bullecourt, les 4 agents de la préfecture de Paris …
Qu’il s’agisse d’un acte conscient, politique, religieux ou irresponsable d’une personne dont les capacités de jugement sont diminuées ne change en rien au fait que cela ne devrait jamais arriver.
Quant aux élus, rien n’a changé, malgré la vive émotion suscitée dans le pays en 2019, après le décès du maire de Signes, Jean-Mathieu Michel, l'exercice de ses fonctions. Saint-Brévin Carnac etc.: Nul n’échappe aux mêmes fléaux des incivilités, des agressions verbales et physiques, en témoignent les démissions de plus en plus nombreuses de nos Maires et plus largement des personnels publics tous corps confondus : Sécurité Civile, Santé, Police Nationale, Éducation Nationale, Collectivités Territoriales…
Il est clair qu’aujourd’hui, la mission de service public qui impose de s’interfacer avec nos concitoyens est à risque et cela doit nous interpeller sur ce que cela dit de notre société ou la violence s’est installée partout.
Phénomène inquiétant d’autant qu’il ne cesse de progresser depuis déjà de nombreuses années avec une forte explosion depuis 2018 /2019. En 2020 les agressions et menaces contre les élus augmentaient de 200%, de 47% en 2021 et de 32% en 2022. Sur l’année 2021, l’ONVS recensait 21 600 atteintes aux personnes et aux biens en milieu médical. En 2022, quelques 2 265 plaintes et signalements pour violence verbale ou physique contre des élus ont été recensés par le ministère de l'intérieur, contre 1 720 en 2021.
Ces situations violentes et quotidiennes ont des répercussions d’une part sur la vie démocratique qui se délite face aux difficultés d’exercer un mandat et d’autre part sur la santé des personnels qui au-delà du contexte déjà difficile dans lequel ils agissent (manque d’effectif, heures supplémentaires accumulées, niveau de rémunération dramatiquement bas, manque de reconnaissance…), tombent malades, se découragent, démissionnent.
Une société dans laquelle la violence se banalise comme modèle d’expression est une société qui va vers l’échec, qui s’éloigne de sa mission éducative et du sens des valeurs communes.
Depuis trop longtemps, les renoncements de nos gouvernements successifs, leurs gestions néolibérales et comptables des services publics, leur inaction volontaire, leur impuissance acceptée pour des motifs électoraux ont conduit à la décomposition d’une société qui faisait Nation. Tous ces gouvernements portent la responsabilité de cet effondrement, du désengagement de la puissance publique.
Si une prise de conscience semble toutefois émerger, à pas lents, depuis 2019 par la mise en place d’une plateforme de signalements et de la protection fonctionnelle, avec la qualification d'outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public en cas d’injures, avec la demande de mise en œuvre d’une politique pénale systématique et rapide, l’extension du champ des infractions, ou encore la possibilité aux assemblées d’élus de se constituer partie civile, il n’en résulte pas moins que le problème demeure et s’amplifie.
Ce ne sont donc pas des lois sur des lois, que rarement appliquées, ni les préconisations allant de locaux adaptés en circuit sécurisé, de la sensibilisation des salariés aux formations à la de gestion des conflits qui résoudront le problème d’une société violente où, de l’individu aux corps constitués, aucune frustration n’est tolérée, où rien n’est supérieur au Un, où, droits et devoirs ne sont plus au juste équilibre de la balance.
Il est essentiel de retrouver le sens civique et la responsabilité de ses actes. C’est cela qu’il nous faut réparer à travers l’école, le sport, la culture entre autres mais aussi par des comportements politiques respectueux et intègres en apportant des solutions de rupture avec les politiques conduites jusqu’alors et avec un courage politique pour les assumer.
Il nous faut de toute urgence réhabiliter les services publics, tous les services publics, en leur donnant les moyens de remplir leur mission d’intérêt général dignement, par une gestion réaliste, humaine et non « cabinet-conseilliste », en maniant Justice et Justesse et en agissant avec fermeté envers ces violences inacceptables et ces comportements indignes.
Réhabiliter mais aussi redonner du sens au collectif à travers des campagnes d’éducation et de prévention. Trop de nos concitoyens oublient l’abnégation, l’altruisme, le volontarisme de nos agents du service public, de nos élus, pour beaucoup bénévoles, qui se mobilisent pour faire vivre notre bien commun. Rappelons-nous notre soulagement lors de l’épidémie de COVID ou des effroyables attentats que nous avons subi et de ces agents et élus en premier ligne pour notre sécurité.
L’instruction civique doit revenir au centre des programmes scolaires dès le plus jeune âge.
Il est temps d’agir !
Crédit Photo Hachette
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