Communiqué de presse
Paris, le 30 janvier 2025
« La Fédération de la Gauche Républicaine lance un appel solennel à la relance de la politique industrielle. »
La France traverse un moment d’une gravité exceptionnelle. Une crise économique et sociale majeure la frappe : 66.500 défaillances d’entreprises en 2024, soit plus qu’en 2008/2009, années de la crise des subprimes (2009) et + 17 % par rapport à 2023 ! Selon la CGT, 250 plans sociaux seraient en préparation, menaçant 200.000 emplois. Notre réindustrialisation fait, quant à elle, du surplace avec des créations d’usines inférieures aux fermetures pour la première fois depuis 2016. Le gouvernement revoit d’ailleurs sa prévision de croissance à 0,9 % pour 2025. Cela se justifie d’autant plus que les réductions de dépenses qu’il s’apprête à décider auront, si elles sont validées par le Parlement, un impact récessif. Enfin, notre agriculture est menacée par l’accord commercial UE-MERCOSUR, provisoirement validé en catimini par la Commission européenne ; tandis que notre industrie souffre de coûts énergétiques décorrélés du prix réel de notre électricité et de délocalisations induites par l’inflation reduction act américain ou par le dumping chinois. Sans parler d’un éventuel accord de libre-échange euro-américain imposé via des mesures protectionnistes d’intimidation de la future administration Trump.
Mais notre nouveau Premier ministre n’en dit pas un mot dans son discours de politique générale ! Il se borne à évoquer brièvement la nécessité de relancer la production, de développer le numérique et l’intelligence artificielle, tout en menant des politiques de filières liées à l’examen de la balance commerciale. Juste un catalogue de vagues intentions sans cadrage politique, ni budgétaire ni calendaire.
Nous appelons donc solennellement à la relance de la politique industrielle dans notre pays, fédérant entreprises, universités, recherche publique et privée. Nous demandons une simplification et une mise en cohérence des différents plans industriels de relance et d’investissements d’avenir, un effort de planification industrielle, complétés par une loi de programmation industrielle et écologique de 300 Md€ sur dix ans. Pilotée par un ministère de l’industrie et de l’énergie autonome, cette politique, ciblée sur des secteurs prioritaires (défense, santé, environnement, numérique, énergie, transports) dont la France demanderait l’exclusion du calcul de la dette maastrichtienne ou le financement par des euro-obligations, viserait à l’horizon la création de 500 usines en France, le développement de nouveaux champions industriels européens, d’un véritable réseau d’ETI et de PME/PMI, ainsi que le retour aux alentours de 15% de la part de l’industrie dans le PIB français.
Pour y parvenir, nous demandons une relance de l’effort de formation d’ingénieurs et de techniciens, et de l’attractivité de ces filières en particulier pour les jeunes femmes. Nous demandons une orientation massive de la commande publique en faveur de l’industrie durable, voire une obligation d’achat français ou à défaut, communautaire, en généralisant à l’achat de prestations et produits locaux la préférence communautaire réservée au secteur de la défense, en utilisant les critères de responsabilité sociale et environnementale.
Nous demandons aussi que les relocalisations sur le territoire national soient facilitées via le rétablissement de la prime d’aménagement du territoire supprimée en 2020 et des simplifications administratives. Nous exigeons que la sécurité économique de nos entreprises soit renforcée par la mobilisation de capitaux publics, le développement de financements coopératifs (notamment via un fonds dédié pour la reprise ou la transmission), en instaurant une présentation simplifiée des bilans des entreprises stratégiques, en instituant un contrôle public des transferts de technologies critiques, un délit de trahison économique des dirigeants d’entreprises sensibles n’informant pas l’État de leurs projets de cession d’actifs, en nommant, comme aux États-Unis, des administrateurs délégués de l’État dans les entreprises stratégiques, en rendant, comme en Allemagne, obligatoire la présence de salariés à hauteur de 50 % dans les conseils d’administration des entreprises cotées.
Nous demandons, de plus, que la fiscalité des entreprises soit rééquilibrée au bénéfice des PME et des ETI et non des grands groupes que le Premier ministre assimile à tort à des poules aux œufs d’or, puisqu’elles localisent une part grandissante de leurs activités à l’étranger et bénéficient de façon disproportionnée de l’ensemble des soutiens publics. Nous demandons donc un recentrage du crédit d’impôt recherche et des aides publiques sur les ETI et les PME/PMI ainsi que sur les secteurs cibles de la loi de programmation industrielle pour relancer l’effort de R&D que les grands groupes peuvent assumer sans l’effet d’aubaine d’une aide de l’État. Cette part de R&D des entreprises privées doit passer de 1,3% à 2,4% du PIB Européen, niveau actuellement atteint par les États-Unis.
Enfin nous demandons que la politique industrielle européenne protège mieux qu’actuellement travailleurs et consommateurs européens, qu’elle renforce ses barrières douanières et peut-être surtout qu’elle bénéficie d’une primauté claire sur la politique de concurrence en excluant de son champ, pour une période et des territoires limités, des secteurs et des entreprises stratégiques pour les économies des États membres.
Nous devons retrouver le chemin du progrès économique et social en réaffirmant notre souveraineté et notre volonté de défendre nos intérêts économiques, comme celle de valoriser l’immense potentiel de richesse humaine, intellectuelle et matérielle de la France. Ce chemin, difficile et long, est indispensable. Une réelle volonté politique le rend possible sur la durée.
Nous attendons du Premier ministre et de son gouvernement qu’ils fournissent les preuves de cette volonté.
Pour la Fédération de la Gauche Républicaine
Isabelle Amaglio-Terrisse, co-présidente de LRDG,
Henri Cabanel, sénateur de l’Herault,
Thierry Cotelle, président du MRC, Conseiller régional d’Occitanie
Catherine Coutard, vice-Présidente du MRC,
Vincent Guibert, secrétaire Général de l’Engagement,
Samia Jaber porte-parole de l’Engagement,
Marie-Noelle Lienneman, ancienne ministre, coordinatrice de la GRS,
Emmanuel Maurel, député du Val d’Oise, animateur national de la GRS,
Stéphane Saint André, co-président de LRDG,
Contact : crm@l-engagement.fr
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