ESPAGNE : "Là où il y a une volonté, il y a un chemin"
Fort de prouesses économiques et sociales à faire pâlir d’envie nombre de dirigeants à travers le monde, toutes sensibilités confondues, le gouvernement de gauche à direction socialiste de Pedro Sanchez peut s’enorgueillir d’un bilan plus que flatteur.
Sur le plan économique, on notera :
• La création de plus de 1 300 000 emplois depuis la fin du Covid, avec une dynamique toujours très forte, annonciatrice de nouveaux succès en la matière
• Une inflation à moins de 2% alors qu’elle est de plus de 5% en France
• Une croissance 2023 attendue à 2,3%, contre seulement 0,7% en France
Or, ces très belles performances économiques ne se sont pas faites au prix de régressions sociales - comme l’érigent d’emblée en postulat intangible nos brillants économistes libéraux - bien au contraire, puisque le gouvernement Sanchez a :
• Augmenté le SMIC de 47% en 5 ans
• Lutté activement et avec succès contre l’emploi précaire
• Créé un revenu minimum vital pour tous
• Sensiblement élargi la protection sociale, notamment des plus précaires.
Ces avancées sociales majeures sont la preuve, si besoin était, que développement économique et progrès social ne sont absolument pas antinomiques, mais que l’un est au contraire le corollaire de l’autre, pour peu qu’il y ait une véritable volonté politique.
Alors, devant de telles réalisations tout à fait à contre-courant de la tendance européenne et mondiale, on aurait pu imaginer qu’en signe de reconnaissance, les électeurs ne se montrent pas trop ingrats et même qu’ils plébiscitent leurs dirigeants actuels. Or, ils ne l’ont certes pas fait, mais n’ont pas non plus sanctionné autant que ne le prévoyaient les sondages et le pouvoir en place, dont la coalition qui le compose perd seulement quelques sièges (tandis que le PSOE lui-même en gagne) et reste potentiellement en situation de demeurer en place.
Les enseignements à tirer de cette séquence électorale de l’autre côté des Pyrénées sont que :
• D’une manière générale, les électeurs, quels qu’ils soient, sont relativement ingrats et ne savent pas évaluer à leur juste mesure les apports des politiques conduites, même lorsque celles-ci leur sont individuellement et collectivement bénéfiques.
• Le chef du gouvernement espagnol devrait néanmoins pouvoir être reconduit dans ses fonctions, parce qu’il a su animer pendant 5 ans déjà une équipe de gauche « plurielle », en faisant cohabiter des sensibilités variées qui ont su, ensemble, faire avancer le pays.
• L’union des forces de progrès est la condition nécessaire (mais pas suffisante) pour prétendre à la victoire des forces du progrès.
Il y a chez ce Pedro Sanchez quelque chose qui rappelle la rigueur et l’efficacité d’un certain Lionel Jospin; espérons seulement que celui-là ne soit pas remercié de la même manière que l’avait été celui-ci en son temps…
Thierry MESMIN
Ancien Maire de Persac, ancien conseiller départemental de la Vienne.
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