Crise agricole : Retrouver la raison,
Respecter les vies humaines et les vies animales,
Reprendre en main notre destin !
L’Engagement
- condamne, sur le fond et sur la forme, les réponses apportées par le gouvernement au développement de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine,
- comprend et partage la détresse et la colère des éleveurs
- demande au gouvernement de faire preuve d’écoute vis à vis du monde agricole, et de renoncer à la gestion disproportionnée de la crise actuelle et à la répression brutale et tout aussi disproportionnée de celles et ceux qui s’insurgent contre des décisions iniques
Quelques chiffres tout d’abord (éléments de contexte)
- la France est le 1er pays détenteur de bovins en Europe (17 Millions de bovins environ sur les 78 millions recensés au sein de l’UE), devançant de loin le 2nd pays (l’Allemagne)
- la France est le 2ème pays producteur de lait en Europe et assure 16 % de la production de lait de la planète
- le cheptel bovin français fait vivre plus de 100 000 agriculteurs et plus de 50 000 personnes dans le secteur de la transformation
De quoi est-il question ?
Depuis plusieurs mois, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine – maladie jusqu’alors absente du continent européen- a fait son apparition en France , ainsi que dans d’autres pays voisins. Cette maladie virale, inoculée par un insecte piqueur, majoritairement bénigne, présentant un faible taux de mortalité (autour de 1%) et non transmissible à l’homme, est cependant classée en catégorie A par la Loi Santé Animale Européenne, et nécessite, de ce fait, selon les règlements européens « des mesures d’éradication immédiate »
Face à ce nouveau défi sanitaire, la France a choisi, contrairement à d’autres pays qui connaissent la même situation, ou l’ont connue dans un passé récent (Suisse, Italie, Grèce, Turquie, Afrique du Sud…), une stratégie extrême, au travers de l’application d’un protocole totalement déshumanisé : pas de vaccination générale mais abattage total de troupeaux entiers (vaches + veaux) dès qu’un cas est repéré.
Ce faisant, la France a choisi d’appliquer la version la plus dure possible d’un règlement européen, lui même autoritaire, rigide et obsolète ! Le motif étant de pouvoir continuer à assurer sans problème l’exportabilité de la viande en conservant le statut de « pays indemne de dermatose ».
Bilan provisoire de la stratégie gouvernementale
- 3000 bovins (sains ! ) abattus depuis juin
- ce qui représente environ 1200 tonnes de viande de boucherie qui ont fini à l’équarrissage, ce, alors que la viande était parfaitement consommable !
- et qui conduit à environ 7 500 000 € d’indemnisation due aux éleveurs (évidemment pris sur l’argent public !)
Au-delà de ces chiffres, évidemment provisoires, photographie d’une situation à proprement parler, délirante, cette politique, décidée de façon complètement déconnectée du terrain, suscite, avec raison, un vent de révolte chez les paysans concernés, vent de révolte aujourd’hui partagé par l’ensemble de la profession, et massivement soutenu par la population, transcendant les clivages syndicaux et/ou politiques.
Ce qui se joue, sous nos yeux, c’est la fracture complète entre une France rurale, vivante et un appareil d’état qui, obsédé par une soumission totale aux règles sacro-saintes de la mondialisation des échanges, et une gestion technocratique du risque, n’a plus d’oreilles pour écouter et sentir le réel !
Dans un climat déjà très lourd, marqué par :
- les risques de concurrence déloyale induits par le projet d’accord UE- Mercosur
- les dérèglements du marché consécutifs à la guerre en Ukraine
- les modifications d’envergure prévues au niveau de la PAC (Politique Agricole Commune) à l’horizon 2028,
- les nombreux suicides observés au sein de la profession (253 agriculteurs + 43 agricultrices en 2 ans)
les éleveurs français sont aujourd’hui conduits au désespoir.
Dans un contexte de dépendance croissante aux importations et d’effondrement du nombre d’éleveurs, à l’heure où le réchauffement climatique – dont on peut penser qu’il n’est pas pour rien dans la circulation du virus - s’accélère, l’abattage systématique apparaît comme une stratégie dangereuse pour la France, aggravant la vulnérabilité alimentaire du pays, et ouvrant les portes à l’importation massive, par les traités internationaux comme celui prévu avec le Mercosur, de produits agricoles étrangers.
Le gouvernement ne peut pas s’arc-bouter derrière le discours fermé et brutal qu’il martèle actuellement, à savoir qu’il n’y aurait pas d’alternative possible ! Il est nécessaire et urgent de:
- complèter nos connaissances sur cette maladie
- tirer les leçons de l’ expérience de pays qui ont vécu cette situation avant nous ainsi que des pays où cette maladie est endémique
- construire, avec les éleveurs et les vétérinaires, des protocoles alternatifs basés sur : (i) la généralisation de la vaccination préventive ; (ii) la fin des abattages systématiques au profit d’abattages ciblés sur les seuls animaux malades ; (iii) l’intensification de la surveillance sanitaire des troupeaux possiblement atteints et (iv) l’isolement, le temps de la période d’incubation, des animaux à suspicion de contamination
- faire évoluer, à terme, la réglementation européenne
Il est plus que temps de :
- retrouver la raison,
- respecter les vies humaines et les vies animales,
- reprendre en mains notre destin, en ayant comme seule boussole, l’intérêt national.
NB : L'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) et la Fédération européenne des vétérinaires (FVE) ont pris position pour privilégier la vaccination plutôt que l'abattage systématique .
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